Barometre sympa/pas sympa HPP : la déception Woerth
Eric Woerth…il y a 15 jours
encore c’était un autre homme. Sérieux, compétent, honnête, vraiment pas fier
pour un sou. Un bon gars, pas du genre à flamber. Le Woerth qu’on aimait, il
travaillait jusqu’à minuit même un soir de sauterie du Fouquet’s. D’ailleurs qui
s’imaginait Woerth sortir du bureau avant 23h? Pour les
rares soirs de détente il se permettait une entorse et sortait de Bercy à 20H30 précise, pour un petit ciné en toute mauvaise conscience. Parfois aussi il devait surmonter sa répugnance des mondanités pour diner en ville avec des dirigeants de banque ou de grands groupes privés , ces gens sans scrupules qui ne méritaient
sûrement pas l’indulgence méfiante d’un tel homme , de cet homme dévoué de toute éternité à la raison d'état et qui ne cédait aux intérêts particuliers que dans l'intérêt supérieur de la nation sur laquelle toujours il avait eu une certaine idée.
On était tous d’accord il n'y a pas si longtemps…c’était pas le pote de comptoir rêvé, ok,mais lors d’un « apéro-piège » chez le voisin, on aurait été bien content de tomber sur lui. C’est vrai qu’il avait l’air d'un bon gars…surtout qu’il se serait pas permis de rester trop longtemps. Bien élevé, ça se voyait. Et puis pas fier, pas flambeur. Et sérieux. Et pas menteur. Lui au moins il nous racontait pas d’histoires sur la vraie situation véritable avérée des finances du pays. Enfin, si…mais lui c’était pas pareil. Lui, quand il enfumait son monde, on se disais juste : « C’est surement pour notre bien…y a une raison, il connait son truc, ce mec, il bosse » Alors les retraites…bah ouais, on allait protester pour la forme, mais au fond…si Woerth le dit qu’il faut faire ça…moi j’avais renoncé.
Même ses petites coquetteries de « Mister Craidibeul » m’inspiraient de la sympathie. Ce truc imparable sur les plateaux de tv, cette façon de dire « non, mais franchement devant tant de démagogie, messieurs… » en s’adressant aux socialistes…pff, le talent à l’état pur…en fait il faisait ça tellement bien qu’on avait l’impression qu’il le disait également aux types de l’UMP assis à côté de lui. Après avoir sorti sa « spéciale », il pouvait dire ce qu’il voulait, c'est-à-dire de préférence rien. Vous auriez remis en cause les certitudes acquises sur le sérieux, le bon sens et la sincérité d’Eric Woerth, vous ?
Son côté « moi je fais pas de vague, je travaille sérieusement pour le bien de tous» me permettait de trouver le sommeil. Woerth, le type rigoureux et compétent qui compensait la flamboyante vacuité de ses collègues, et couvrait en bon camarade leurs petits écarts. Même ses propres petits écarts d’ailleurs. Il est ministre et trésorier de l’UMP ? Bah, un autre je dis pas, mais Woerth, c’est Robespierre en plus bigleux au niveau de l’intégrité. Pas du genre à confondre travail et loisir personnel. Et ils avaient bien raison à l’UMP : un bon trésorier d’association, c’est important !
En plus, la seule chose qu’on savait de son passé c’était qu’il bossait avec Juppé avant. Et on a beau dire, le Juppé, c’est pas le plus cool mais au niveau sérieux mon gars… c’est du triple A ! Une caution étatique à lui tout seul. Et bien c’était ça Woerth : la caution tête d’œuf du gouvernement.
Le Woerth que j’aimais n’aurait jamais laissé une confusion comme celle-ci s’installer. Mieux encore, le Woerth d’avant aurait dit à sa femme : « La sécu va mal, n’envoie pas ces feuilles de remboursements, nous avons les moyens, c’est ridicule et cela fait perdre du temps aux fonctionnaires. Je leur ai imposé tellement d’efforts, déjà… » Elle aurait dit timidement : « Mais nous y avons droit, tu ne crois pas ? » Et lui, superbe aurait déclaré : « Florence, un peu de dignité s’il te plait… »
En plus tout cela est morbide : les responsables et simples soldats de l’UMP parlent tellement d’acharnement et de calomnie envers un innocent martyr de la réforme qu’ils donnent surtout l’impression de désirer inconsciemment une seule chose : qu’il se suicide, merde, ça règlerait tout.
Dé-çu.
Le verdict du baromètre est sans appel : pas sympa, Eric Woerth.