Dans les coulisses de la communication politique...
Quelque part dans PARIS, le 2 juillet 2010. Trois conseillers d'une agence travaillent...
- Bon, les gars, on
tourne en rond, ça va pas, Bertrand il attend d’autres trucs, là…j’veux du ‘léments de langage,
là, allez hop, on brasse, on brasse !
- Putain, arrête,
tu me fais chier ! On a fait le lynchage, la chasse à l’homme, l’opposition
irresponsable, Fillon il a même refait Mitterrand sans qu’on lui dise rien,
alors Woerth si il a rien à se reprocher ça devrait être bon, là non ? Z’ont
qu’à recycler, putain…on va pas y passer le quinquennat ! Ils ont un
cerveau, non ?!
- Ils nous payent cher
pour pas l’utiliser je te signale !
- Ouais, mais il a
raison, on va tourner autour de la même idée, on a qu’à attendre des éléments
nouveaux, non ?
- (soupir) Nan, les
gars, faut trouver un truc
- Ok, alors un truc
à la Cantona : « Si les hyènes suivent le lion blessé c’est
parce qu’elles pensent qu’il va chier son repas de la veille », ça va, ça ?
- Hé…pas mal !
un peu vulgaire, faut trouver une autre chute mais le coup des hyènes, j’adore !
- Non, mais tu
rigoles ?! Je plaisantais, là.
- Ouais, il avait
plutôt l’air de plaisanter, non ? Si tu veux avoir l’air con, tu leur sors
ça
- Et ben je m’en
branle, je garde l’idée, putain vous faites chier...A Lefebvre je la donne même
- Putain, t’as
raison, c’est Cantona quand il jouait à Cuiseaux-Louhans, lui…
- Ok, ok, on arrête.
De toute façon faut qu’on bosse sur autre chose aussi.
- Un discours pour
ministre sans casserole ?
- L’économie. La
stratégie économique.Pour Lagarde. Elle a un congrès super sérieux à Aix et elle veut trouver un truc bien pour définir la politique économique de la France. Il faudrait…comment dire…
- Faire passer la
pilule ou noyer le poisson ?
- Bah…je sais pas,
c’est pas clair ce qu’elle m’a dit, d’après ce que j’ai compris, en fait ce qu’ils
font c’est qu’ils font de la rigueur mais…
- Ouais, ok, faut
planquer la pilule dans la soupe de poisson.
- Nnnn..nnaaaaann,
en fait ce qu’elle m’a dit, ce serait…euh…ouais, en fait c’est à peu près ça.
En fait ils ont pas l’air comme ça, mais ils font de la relance aussi d’après
ce qu’elle m’a dit.
- Non, sans blague ?
C’est ce qu’elle doit faire croire ou elle y croit ?
- J’en sais rien,
mais en tout cas, on doit trouver un truc qui fait bien. Tac, tac, tac, tu vois ?
- Non
- Si, si moi je
vois bien : tac tac tac. C’est bien ça, c’est clair...
- Mais faut plus
dire qu’on fait pas de rigueur, alors ?
- Faut dire qu’on
en fait parce qu’on est responsable, mais pas comme des cons, tu vois ?
- Ouais, le bon
chasseur, quoi
- Déconne pas.
- Je déconne pas, j’ai
le truc qu’il vous faut : ni relance, ni rigueur, on fait de la
re-gueur !
- Putain, mais
ouais, c’est ça…sauf que c’est pas beau dit comme ça, mais ouais, super bon le
concept, t’es bon toi ce matin !
- Tu rigoles ou
quoi ?! Je PLAISANTAIS, là, on va pas raconter à l’Europe qu’on fait de la
« re-gueur », ça va pas ?!!!
- Non, non, il a
raison re-gueur ça va pas…c’est pas beau. Qu’est-ce que ça donne dans l’autre
sens ?
- Ri…lance.
Ri-lance. Et pas ni relance ni rigueur, relance et rigueur.
- Putain, c’est
bien çà, non ?
- RI-LANCE. On l’a.
On bosse là-dessus, génial.
- Non, mais vous êtes
tarés ou quoi ? J’assume pas un truc pareil, moi.
- C’est ton idée !
- Mais je
plaisantais moi ! Je me casse.
- Non, tu te casses
pas faut qu’on charpente le truc maintenant.
- Ouais, on bosse à
trois, pas à deux, et c’est toi qui a eu l’idée
- NON ! c’est
pas une idée ! Et charpenter quoi ? La RILANCE ?!
- Ouais
- Bah ouais
- Non ?!
- Si. Allez on bosse et après j’appelle Lagarde.
- Après faudrait qu'elle demande à l'Elysée quand même, c'est brillant comme concept mais bon, c'est couillu, ils voudront peut être pas.
- Je me casse!
« La France mène une politique économique de "ri-lance", mêlant rigueur et relance. Relance-rigueur, ça n'est pas un choix, ça n'est pas un noeud gordien",.La politique économique que nous pratiquons en France actuellement, c'est une politique de 'rilance'.La « rilance » est un subtil dosage entre des mesures de responsabilité dans une situation exceptionnellement difficile (...) et où, par ailleurs, on laisse dégorger le solde du plan de relance et on monte en financement sur les grandes stratégies »
Christine Lagarde, 4 juillet 2010, Rencontres économiques d'Aix-en-Provence.